L’économie mondiale vit une période de transition. En fin d’année 2025, les effets de la remontée des taux d’intérêt, des perturbations commerciales et de l’inflation ont déjà marqué leur empreinte. Pourtant, l’horizon 2026 est chargé d’interrogations : la croissance peut-être riche en surprises ou en attentes déçues, et l’inflation pourrait rebondir ou s’éteindre plus lentement que prévu. Pour chaque investisseur, entrepreneur ou observateur, la question devient : à quoi s’attendre concrètement en 2026 et comment s’y préparer ? Cet article explore d’abord la situation à fin 2025 — avec ses signaux forts et ses faiblesses — puis décortique les grandes trajectoires pour 2026, en soulignant les points de vigilance et les opportunités.

Fin 2025 : signaux contrastés entre résilience et ralentissement
À la veille de 2026, l’une des constantes est la décélération de la croissance mondiale. Selon le rapport d’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d’interim septembre 2025, la croissance du PIB mondial passerait de 3,3 % en 2024 à environ 3,2 % en 2025, puis à 2,9 % en 2026. Cette modération s’explique par un enchaînement de facteurs : des politiques monétaires strictes, des hausses de tarifs commerciaux et une incertitude persistante autour des chaînes d’approvisionnement.
Du côté de l’inflation, le tableau est plus nuancé. Les projections moyennes pour les économies avancées la situent à environ 4,2 % en 2025, avant un reflux vers 3,2 % en 2026. Cela signifie que l’inflation n’est pas encore maîtrisée et que les banques centrales restent vigilantes.
Pour les grandes économies, les signaux divergent. Aux États-Unis, l’OCDE anticipe une croissance en forte contraction : de 2,8 % en 2024 à environ 1,8 % en 2025 puis 1,5 % en 2026. Dans la zone euro, la croissance est plus modérée mais reste faiblement positive : à peine 1,0 % en 2025 et environ 1,2 % en 2026 selon les prévisions.
Cette conjoncture ménage quelques niches de vigueur, notamment liées à l’investissement en intelligence artificielle ou aux politiques publiques de transition énergétique. Elles agissent comme des amortisseurs face au ralentissement général. Cependant, le contexte reste marqué par des risques sérieux : un nouveau choc tarifaire, une résurgence de l’inflation ou une correction financière pourraient changer la donne rapidement.
En 2025, donc, l’économie apparaît comme “stable-ment faible” : elle tient, mais sans véritable dynamisme. Cette situation impose une approche d’anticipation plutôt que de réaction. Celui qui attend que “ça reparte” risque d’être surpris. Mieux vaut observer, ajuster et se positionner avant que l’incertitude ne redomine.

Perspectives pour 2026 : tensions, inflexions et points de vigilance
Avec 2026 en ligne de mire, les grandes forces à l’œuvre pointent vers trois trajectoires possibles. La première est celle d’une reprise modérée : l’inflation continue de baisser progressivement, les banques centrales commencent à alléger leur politique monétaire et les investissements en technologie prennent le relais. Dans ce scénario, la croissance globale remonterait lentement vers 3 % et l’inflation se stabiliserait autour de 3 % ou un peu moins — un cadre “normalisé” après la turbulence.
La seconde trajectoire, plus risquée, est celle d’une décélération accrue. Si les tensions commerciales s’intensifient, si l’investissement reste faible ou si un choc exogène (énergétique, géopolitique) survient, la croissance pourrait retomber en dessous de 2 %, alors même que l’inflation resterait à un niveau élevé. C’est un scénario “stagflation légère” qui inquiète les décideurs.
Enfin, un scénario plus dynamique peut émerger si les gains de productivité issus de l’IA et de la transition écologique se concrétisent plus vite que prévu. Dans ce cas, une reprise un peu plus robuste pourrait se matérialiser, l’inflation serait contenue et la croissance repasserait le cap des 3 %. Les données récentes de l’Fonds monétaire international (FMI) soulignent que cette voie n’est pas exclue.
Pour 2026, les signaux à surveiller sont nombreux. D’abord, l’évolution de l’inflation des services, laquelle est souvent plus résistante que celle des biens. Une insuffisante détente dans les services peut maintenir la pression monétaire. Ensuite, la dynamique des salaires : si ces derniers continuent de croître au-dessus de la productivité, le risque d’un retour inflationniste est réel. Troisièmement, l’impact des mesures commerciales : les données montrent que les hausses tarifaires ont encore des effets différés qui peuvent rebondir sur les prix des biens importés.
Pour les acteurs économiques, ces perspectives impliquent trois ajustements essentiels. Les entreprises doivent anticiper plus qu’elles n’ajustent, car les marges se resserrent. Les particuliers doivent revoir leur horizon d’épargne et d’investissement afin d’intégrer une inflation modérée mais persistante. Enfin, les décideurs publics doivent conjuguer soutien à la croissance et vigilance inflationniste, un équilibre délicat.
Ainsi, 2026 ne sera pas l’année d’un retour à l’“avant-pandémie”, mais plutôt d’un nouveau stade où la normalisation s’écrit par petites étapes et non par sauts. Ceux qui sauront lire les signaux, adapter leurs métriques et rester souples auront un avantage. Les autres risquent de subir un cadre économique où “tenir” devient déjà une performance.

